Un très intéressant article de la journaliste scientifique Cécile Klinger (2008), incidemment, sape une notion fondamentale en matière de toxicologie, celle de CSE (Concentration Sans Effet) sur laquelle pourtant sont fondées les concepts de CMA (Concentration Maximale Admissible) et de DJA (Dose Journalière Admissible) sensés protéger les espèces non cibles. Les propos rapportés démontrent au contraire des relations de type polyphasique entre les doses d’un neurotoxique tels le fipronil ou l’imidaclopride et leurs effets sur les abeilles, voire des effets différents en fonction des souches génétiques, voire selon leur état physiologique. Elle pose enfin la question essentielle des capacités du système enzymatique à dégrader ces xénobiotiques toxiques.
Interrogeant, Jean-Luc Brunet, un chercheur du laboratoire de toxicologie de l’INRA d’Avignon, elle précise ainsi qu’ « aucune intoxication aiguë n’a été constatée au cours de cette étude. Mais rien ne permet d’exclure une intoxication chronique. Là résident les risques avec les substances utilisées en enrobage de semence ». Elle rapporte ensuite les propos du chercheur : « A des niveaux sublétaux, une dose extrêmement faible peut entraîner un effet donné, une dose légèrement plus élevée, pas d’effet du tout, et une dose encore légèrement supérieure, un effet différent du premier ». « Et, pour compliquer encore les choses, une molécule donnée n’a pas forcément le même effet selon le patrimoine génétique des abeilles, leur état initial ou encore le mode d’intoxication ». « En toute hypothèse cela serait dû à la différence de détoxification selon l’origine des abeilles » ajoute-t-elle. C'est-à-dire, selon les capacités du système enzymatique à dégrader ou non ces toxiques. De nombreux autres aspects sont abordés des virus pathogènes à la nécessité de « tests larvaires » sur les larves d’abeilles si une nouvelle demande d’homologation du fipronil était formulée en France.
Cécile Klinger. Des pistes pour sauver les abeilles. La Recherche, N°415, Janvier 2008.
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