"L'EFSA a rendu mercredi des conclusions inquiétantes sur l'impact de trois types de produits sur le nectar et le pollen", a expliqué Frédéric Vincent, porte-parole de Tonio Borg, commissaire européen en charge de la Santé et des Consommateurs. Il a indiqué que cet avis avait été demandé par la Commission. Une lettre va être adressée "cette semaine" au groupe allemand Bayer et au suisse Syngenta, qui produisent les pesticides comportant les trois néonicotinoïdes incriminés --clothianidin, imidacloprid et thiamethoxam--, notamment le Cruiser OSR, pour leur demander de réagir à ce rapport, a annoncé Frédéric Vincent, précisant que les deux groupes avaient "jusqu'au 25 janvier pour répondre". D'autre part, la Commission européenne a décidé d'inscrire le sujet à l'ordre du jour de la réunion du comité permanent de l'UE en charge de ces questions prévue le 31 janvier. "La Commission, avec les Etats membres, prendra les mesures qui s'imposent", a conclu le porte-parole.
Des interdictions régionales, mais pas encore générales
Des Etats membres ont déjà pris des mesures au plan national. La France a ainsi retiré le 29 juillet l'autorisation de mise sur le marché (AMM) du Cruiser OSR utilisé en traitement de semence pour le colza. Reste son usage pour le maïs qui, bien que contesté, n'a pas été à ce stade définitivement banni.
L'Italie et l'Allemagne interdisent l'usage des pesticides incriminés seulement pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles, et la Slovénie pour toutes les plantes. L'idée de la Commission européenne est d'arrêter une ligne de conduite au niveau de l'UE et d'aller si nécessaire vers une interdiction des produits incriminés.
Au fil des ans, les études scientifiques ont permis d'établir que les pesticides dits "systémiques" ou "néonicotinoïdes" ont bien un impact létal sur les abeilles, qu'ils désorientent, au point que certaines ne savent plus revenir à leurs ruches. En une quinzaine d'années, leur mortalité est passée de 5 à 30%. Les apiculteurs ont déjà obtenu le retrait du Régent et du Gaucho (Bayer).
Les fabricants insistent de leur côté sur l'impact économique de la suppression de leurs pesticides. "L'entreprise est prête à coopérer avec la Commission européenne et les Etats membres de l'UE et à développer des solutions pragmatiques pour aborder les lacunes en termes de données évoquées par l'EFSA", a réagi le groupe allemand.
Sa division d'agrochimie, Bayer CropScience, rappelle que les nombreuses données rassemblées par le groupe "ont été examinées par l'UE et les Etats membres et confirment que ses produits ne présentent aucun risque inacceptable". "Nous sommes convaincus que les nouvelles conclusions de l'EFSA ne changent rien à la qualité et à la validité de cette évaluation des risques", a ajouté le groupe.
Selon lui, la recherche a montré que plusieurs facteurs expliquent le déclin de la population des abeilles, le principal étant un acarien parasite de l'espèce Varroa. "Bayer CropScience s'engage à une utilisation responsable des néonicotinoïdes" et investit dans un programme destiné à réduire leurs effets sur les abeilles, a encore affirmé l'entreprise.
Source: 7sur7, 21/01/13
http://www.7sur7.be/7s7/fr/2668/Especes-Menacees/article/detail/1565717…
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